Dans une mise en scène épurée, la part belle est faite au jeu, au texte,
aux thèmes et aux figures intemporel.le.s que nous offre le génie de
Molière.
François Clavier, inspiré par son professeur Antoine Vitez, fait le
rapprochement entre "Le Tartuffe" et "Théorème" de Pasolini : ce qui
fascine chez Tartuffe, c'est son pouvoir de séduction. L'emprise qu'il a
sur Orgon, c'est celle qu'il doit avoir sur le public. C'est le beau
jeune homme blond, c'est le démon déguisé en ange. C'est, surtout, celui
dont on n'aurait pas cru qu'il irait jusque là, celui qu'on ne
soupçonnait pas, celui dont on ne se méfiait pas.
Le cadre de cette comédie sombre et sensuelle : celui de la famille
bourgeoise - l'univers de prédilection de Molière, qui lui consacre ses
plus grandes pièces. Les phénomènes de crise qui la traversent, l'auteur
nous les présente comme de vrais chemins de résolution. Les conflits
souterrains qui agitent ce microcosme trouvent leur issue dans l'épreuve
de ces crises, dans cette entropie qui passionne Molière et qu'il nous
donne à voir comme le point d'équilibre, le début de l'harmonie.